Le hadith auquel vous faites allusion vient de l’imam Sadiq (as) et non de l’imam Hossein (as). IL dit en effet : « Nous sommes Qorayshites, nos chiites sont Arabes et nos ennemis sont les non Arabes ». Selon le sens qu’il donne sous la forme (c'est-à-dire Arabe renvoyant à Qorayshite et Non Arabe signifiant les gens d’autres races) ce hadith est nom fondé et du point de vue de la chaîne de transmission il est non crédible. Quant à la signification, le hadith sur la forme est en contradiction avec plusieurs versets coraniques ainsi que d’autres hadiths et la raison qui présentent la foi et la pitié comme critère de mérite en islam, le racisme et la discrimination n’ayant aucune valeur.
Le Messager de Dieu et les imans infaillibles (as) ont déclaré : « N’acceptez pas de hadith s’il est en contradiction avec les versets coraniques et la sunna authentique » (ça c’est au cas où le sens « d’arabe et Non arabe » se perçoit comme tel). Les mots « Arabes et non Arabe » (Ajam) ne renvoient pas toujours à la race dans la langue arabe. Ils servent également d’attribut d’adjectif et traduisent aussi l’objectif. On utilise parfois le mot « arabe » pour exprimer l’origine et « non arabe » pour dire que quelqu’un est sans identité. Dans ce cas si la chaîne de transmission du hadith est considérée comme authentique, le contenu ne présente aucun problème. Tout comme on remarque dans plusieurs hadiths que certains peuples non arabes sont appréciés pour leur foi et leur pratique.La page 164 de l’ouvrage Safinat ul Behar de Sheikh Abbas Qommi utilise le mot « ajam » pour illustrer ce mot, le Sheikh à sélectionné les hadiths du livre Behar ul anouar. Aucun hadith de l’iman Hossein (as) ne figure dans cette section. Par contre on y voit des hadiths de l’iman Sadiq (as). Le hadith cité est de l’iman Sadiq (as) .Voici comment se présente le hadith : Dhans ibn Abdou Malik dit avoir entendu l’iman sadiq (as) dire : « Nous sommes Qorayshites nos chiites sont arabes et nos ennemis sont non arabes »[1]
Il faut tenir en compte les éléments suivants dans l’analyse de ce genre de hadith :
1 - Il faut vérifier la chaîne de transmission pour voir si les personnes qui y interviennent sont connues ou faibles.[2] Dans le chaîne de transmission du hadith en question figure Salma ibn Khitab ,un personnage peu crédible à qui on ne peut accorder une confiance selon les experts en Rijâl (sciences qui étudie les personnes figurant dans les chaînes de transmission de hadith).Ce hadith ne se raccorde non plus à un imam à cause du grand écart de temps qu’on note entre deux rapporteurs. Il parait que les noms de ceux qui ont rapporté ce hadith ne figurent pas dans la chaîne de transmission et pour cela ,on ne peut se fier à ce hadith.
2 - Il faut analyser le contenu du hadith pour voir s’il n’est pas contradictoire avec le coran et la sunna authentique. Le sens apparent[3] de ce hadith est contradictoire avec plusieurs versets[4] et hadiths[5] ainsi qu’avec la raison qui désignent la foi et la piété comme seuls critères de mérite dans l’islam. Le racisme et la discrimination sont des concepts qui n’ont aucune valeur dans les enseignements islamiques. Le prophète (a) et les imans déclarent « qu’il ne faut jamais accepter un hadith contradictoire aux versets et à la sunna authentique »[6] Même si la chaîne de transmission de ce hadith était parfait il est inadmissible à cause de son contenu.
3 - Ceci est au cas où les mots « arabes » et « Ajam » (non arabes) sont pris au sens propre ? Ces deux mots ne signifient pas toujours « origine et tribu » en arabe. Ils s’emploient aussi comme adjectif et peuvent renvoyer à l’origine et la tribu. Donc, ont peut employer « arabe » pour traduire l’identité et « Ajam » pour exprimer qu’on n’a pas d’identité et de source. Donc, si on considère la chaîne de transmission du hadith authentique, le contenu ne pressente plus de problème. Pour cerner le sens d’un terme, il est important de le situer dans le temps pour saisir son sens selon le contexte de l’époque. En effet les mutations s’opèrent constamment dans les langues. En plus du sens « qui parle l’arabe ou qui ne parle pas l’arabe », les mots « arabe » et « non arabe » ont au fil du temps pris d’autres connotations. « A’arba » par exemple veut dire « il a parlé avec clarté et avec précision » ; « Al arab » s’emploie aussi pour traduire l’enthousiasme.[7]On dit en arabe « A’jam » quand quelqu’un s’exprime de manière confus et pas clair - même s’il est d’origine arabe.[8] « Ujamâ » désigne les quadrupèdes et tous les êtres vivants qui ne comprennent pas la langue, une réponse à une question sur la définition de « Ajam » dans un hadith révèle qu’il s’agit de « mouton », bœuf, de pigeons et autres.[9]
Face aux différents usages des deux mots, il est nécessaire de cerner le sens visé par les propos de l’imam Sadiq (a). Il est important alors d’analyser et comparer ce hadith avec d’autres dans lesquels ces mots ont été employés ou qui ont une similitude. A partir des hadiths appartenant à ce registre on déduit que[10] « Arab » signifie « origine, identité, sans origine, instable ou sans conscience ». Toutes ces définitions correspondent au sens propre et étymologique des mots. Au sens propre et figuré le terme de similitude entre ces deux mots relève apparemment du fait qu’on distinguait à l’époque les Arabes et les non Arabes par rapport à leur origine. L’arabe d’origine avait une place plus importante et pour changer cette mentalité qui accordait plus d’importance à l’Arabe de souche l’imam a tenu des propos pour monter que l’originalité s’accorde à l’appartenance à la vraie religion. En d’autres termes l’imam veut dire que nous et nos chiites sommes « Arabes avec origine et identité religieuse », une manière de combattre cette vieille mentalité qui attribue les mérites selon l’appartenance à une race ou une tribu. Les hadiths suivants permettent d’illustrer cette position : « Nous sommes arabes et nos chiites sont de nous… »[11], « Est arabe quiconque naît musulman »[12] Ainsi les Qorayshites qui appartiennent aux plus anciennes tribus arabes traduisent la stabilité et plus d’originalité. Ce qui donne à notre hadith ce sens « Nous sommes les plus anciens hommes en terme d’identité et nos Chiites aussi ont une identité et sont fixés, tandis que nos ennemis sont indécis et périssables à la base »
4 - En plus de cela on remarque que beaucoup de hadiths fait l’éloge de certains peuples non arabes qui sont demeurés fermes en ce qui concerne la foi et la pratique. Voici quelques uns :
A - L’iman Baqir (as) déclare qu’une partie des compagnons de l’imam Mahdi ( l’imam du temps) viendra les enfants des non arabes »[13]
B - Il est rapporté de l’iman Ali (as) : « il viendra un temps ou des peuples non arabes se feront une place dans la mosquée de Koufa et enseigneront le saint Coran au gens tel qu’il a été révélé »[14]
C - Dans un autre passage l’iman Ali (as) déclare aux Arabes lorsqu’il parle des perses : « Vous les avez combattus grâce à la révélation du saint Coran. Mais sachez qu’avant la fin du monde (les Perses) vous livreront bataille dans le commentaire et l’interprétation du saint Coran (c’est-à-dire que vous rester abandonnez l’interprétation du saint Coran pendant qu’ils vont rester fermes dans cela)[15]
[1] - La source d’origine du hadith est M’aani Akhbâr , page 404
[2] - Mou’jamoul rijâl sayyed Abdou Qasim Khoei volume4, page 9
[3] - Arab veut dire Qorayshite et Ajam d’autres peuples
[4] - Sourate Houjerat : 13 « Ô hommes! nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et nous avons fait de vous des nations et des Tribus, pour que vous vous entre connaissiez. le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand- Connaisseur ».
[5] - Ma’danuljawahir, page 69
[6] - Kafi, vol 1page 69
[7] - Lisane arab,volume1 page589
[8] - Lisane arab,volume12,page 386
[9] - Majma bahrein, vol 6 page 112
[10] - Ma’ani akhbar, page 404
[11] - Ma’ani akhbar, page 404
[12] - Ma’ani akhbar, page 404
[13] - safina bahar, page 164
[14] - safinat ul bahar, vol 2, page 164
[15] - eQorb ul asna, page 52; behar ul anouar, vol 64, page 174