investir dans les compagnies étrangères ne présente aucun problème se cela ne porte pas préjudice à la dignité et l’autonomie des musulmans. Tout comme il est permis de perçevoir les intérêts à un non musulman selon les jugements de beaucoup de guides religieux.
L’investissement se fait sous plusieurs formes avec des conditions pour chacun. L’une des formes consiste à mettre à la disposition de quelqu’un ou une entreprise de l’argent ou de la marchandise condition qu’on vous verse une partie des bénéfices engendrés : c’est un investissement de forme spéculative. Il arrive parfois que vous achetiez une partie de l’entreprise et devenez de ce coup un associé dans cette compagnie. Vous comptez désormais parmi les actionnaires de l’entreprise. Chaque forme d’investissement respecte des règles et dispositions que vous trouverez dans les codes pratiques des guides musulmans.
Nous disons ceci pour exposer les points de vue des guides musulmans à propos des relations économiques avec l’étranger. Les entreprises dans lesquels on investi appartiennent soit aux musulmans soit aux non musulmans. Si l’entreprise appartient aux non musulmans, un pays qui entretient les relations pacifiques avec les musulmans ou des Etats non musulmans avec lequel on a coupé les relations (des pays avec lesquels nous n’avons aucun accord de paix comme l’Israël actuellement), les cas suivant se présentent :
a- si on investit dans une entreprise d’un pays islamique, le contrat doit être dépourvu de toute forme de perception d’intérêt ressemblant à l’usure. En d’autres termes vous ne devez pas attribuer votre capital à l’entreprise sous forme de prêt, sous condition qu’elle verse une somme d’argent ou qu’elle fasse des choses à votre avantage.[1]
b- si l’entreprise appartient à un Etat non islamique qui entretient des relations pacifiques avec les musulmans, on doit tenir compte des éléments suivants :
1 – Les jurisconsultes jugent déconseillé les relations économiques fondées sur la spéculation ou la coopération avec les mécréants tributaires (Ahl-e-zemah). Ils décommandent cela en particulier lorsque le musulman n’est pas présent lors des transactions financières et qu’il a par exemple donné son argent à un mécréant afin qu’il le gère.[2] Ibn Ribâb dit dans un hadith «j’ai entendu l’imam Sadiq (as) dire : « il n’est pas normal qu’un musulman s’associe avec un mécréant tributaire, met un capital à sa disposition, dépose quelques consignes auprès d’eux et voue leur une sincérité totale dans l’amitié (être méfiant) »[3] Il est rapporté dans un autre hadith de l’imam Ali (as) qu’il n’aimait pas s’associer avec un juif, un chrétien ou un mazdéen, sauf si un musulman participait au commerce.[4] Certains avancent un autre argument concernant ce jugement : ils déconseillent ce genre de coopération parce que les non musulmans ne sont pas tenus à respecter les dispositions islamiques. Il est donc possible qu’ils utilisent l’argent que vous leur avez donné pour des transactions illicites du genre vendre les boissons alcooliques ou pratiquer l’usure.
2- cette relation économique ne doit aucunement compromettre l’honneur de l’islam et l’autonomie des musulmans. Les jurisconsultes s’appuient sur un verset : « Dieu n’a jamais donné le pouvoir au mécréants pour dominer les croyants »[5] ce verset montre que Dieu n’a pas institué de loi naturelle ou une législation pour que les mécréants dominent sur les musulmans.[6] Ce genre de coopération signifie que vous avez donnez de l’argent à une entreprise engagée dans une région à coloniser les musulmans, ou qui agit dans le but de maintenir les musulmans dans une sorte de dépendance intellectuelle, économique et industrielle.
3- Les relations économiques avec les mécréants ne devraient pas conduire à susciter dans les cœurs des musulmans l’aliénation et l’affection pour les impies. Au point que les musulmans se retrouvent psychologiquement et moralement aliéner à cause d’une telle coopération. Il est écrit dans un verset coranique : « les croyants! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d'entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes. ».[7] On lit aussi dans un autre verset coranique : « vous qui avez cru! ne prenez pas pour alliés Mon ennemi et le vôtre, leur offrant l'amitié, alors qu'ils ont nié ce qui vous est parvenu de la vérité. ils expulsent le Messager et vous-mêmes parce que vous croyez en Allah, votre Seigneur. Si vous êtes sortis pour lutter dans Mon chemin et pour rechercher Mon agrément, leur témoignerez-vous secrètement de l'amitié, alors que Je connais parfaitement ce que vous cachez et ce que vous divulguez? et quiconque d'entre vous le fait s'égare de la droiture du sentier. ».[8] Ces versets montrent que bien qu’il est permis d’entretenir les relations économiques avec les non musulmans, cela ne doit pas pousser les musulmans à se lier intimement aux mécréants. Cela ne veut pour autant pas dire que les musulmans ne doivent pas cohabiter pacifiquement avec les mécréants dans leurs relations. Le bon comportement et le savoir vivre avec les autres se distinguent de l’aliénation. Il est écrit dans un verset : «7. il se peut qu'Allah établisse de l'amitié entre vous et ceux d'entre eux dont vous avez été les ennemis. Et Allah est omnipotent et Allah est Pardonneur et très miséricordieux. Allah ne vous défend pas d'être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. ».[9]
4- Toute relation interdite par l’Etat islamique doit être évité
Quoique les musulmans doivent respecter des limites dans leurs relations avec les mécréants, beaucoup de jurisconsultes pensent qu’ils peuvent prélever des intérêts sur leurs activités.[10] Mais, ce groupe de jurisconsultes estime qu’il est seulement permis de prélever les intérêts et qu’il n’est pas permis aux musulmans de verser des intérêts au non musulmans.
c- Le dernier volet concerne les entreprises appartenant aux Etats non musulmans qui n’entretiennent pas des relations pacifiques avec les musulmans et l’Etat islamique.[11] On appelle ce genre de mécréants « les mécréants hostiles ». les jurisconsultes interdisent toute forme de relation économique avec eux.[12]
C’était de manière générale la question qui tourne autour de l’investissement dans les pays étrangers (pays musulmans ou non musulmans). Pour avoir une réponse plus précise sur le caractère licite ou illicite de l’investissement, la méthode d’activité économique et le contrat entre les deux parties doivent être déterminés. Cela vient du fait que les clauses des contrats différentes d’un contrat à l’autre. Par exmple on ne peut pas garantir à l’investisseur un profit dans la spéculation. Ce qui fait que le spéculateur et l’investisseur doivent relativement se partager le profit acquis. Alors que dans le bail la location est définie et n’a rien à voir avec la spéculation ou le fait que le bailleur a perçu tous les avantages financiers ou non ?
Le genre d’investissement influence sur la permission ou l’interdiction d’investir et le guide à qui on se réfère est un critère ; car les jurisconsultes ont chacun un avis différent sur les conditions qu’il faut respecter dans différentes formes d’investissement. Donc il est important de préciser le genre d’investissement et aussi le nom du guide à qui vous vous référez pour avoir une réponse plus précise.
[1]- Consultez le code pratique du musulman sur la partie concernant le prêt
[2]- Sayyed Mohamad Kazim Tabataba’I Yazdi, Ourwat al oskâ, page 268, Mo’ssassa Nash Islami 1420 hégire lunaire Rawdhat al bahiya fi sharh il al Loum’ a damashkia, Shahid Thani, vol 4, page 203, Maktaba ad dawari, 1410
[3]- Manlâ yadhuruhou faqih, Sheikh Sadouq, vol 3, page 229
[4]- Al kafi Abou Ja’far Mohamad ibn Yakoub Koleiny, vol 5, page 286, Daroul maktaba al islamiyya, 1407 hégire lunaire
[5]- Sourate Nissa: 141
[6]- Imam Khomeiny, kitab bay, 543, Mo’ssassa islamiyan, 1410 Imam Khomeiny s’est appuyé sur ce verset pour réfuter toute domination des mécréants sur les musulmans
[7]- Sourate Ma’ida: 51
[8] - Mountahana: 1
[9]- Sourate Mountahana: 7 et 8
[10]- plus d’explication sur la question 1048 (site 1118), 1275 (site 1259) 608 (site 665)
[11]- Mo’jam Mostahala alfâz fiqhiya, Mahmoud Abdou Rahman, vol 1, page 328
[12]- extrait de l’article de Mahdi Mahrizi: relation économique des musulmans avec les mécréants, Revue Fiqh, numéro 7 et 8