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Le livre du Cheick Mufid sous le titre de " Al-Muqana'ah" est le document le plus ancien portant sur le concept de Vélayate-Faghih. Dans son livre et dans le chapitre où il traite la question du principe de " recommander le bien et d'interdire le mal", il explique, ainsi, les devoirs et les responsabilités du Fiqih ( la plus haute autorité religieuse) :
A) Mettre en pratique le principe de " recommander le bien et de blâmer le mal"
B) Mettre en exécution les interdits
C) Mettre en application les prescriptions
D) Se livre au Jihad (la guerre sainte), et à la lutte contre les infidèles.
E) Accomplir les prières du vendredi, de la fête du Fîtr et du sacrifice, ainsi que les prières de pluie et de Ayât ( en cas de catastrophe).
F) Procéder à l'arbitrage et au jugement.
Le livre du Cheick Mufid sous le titre de " Al-Muqana'ah" est le document le plus ancien portant sur le concept de Vélayate-Faghih. L'un des grands jurisconsultes de l'histoire chiite, aux 4è et 5è siècles, le défunt Cheick Mufid( 333 ou 338-413) , lorsqu'il parle dans son livre " Al-Muqna"ah" le principe de " recommander le bien et blâmer le mal" l'explique en ces termes :
" La personne qui la charge de recommander le bien et blâmer le mal n'a pas le droit de tuer ou de blesser ou de nuire à son interlocuteur, à moins que le sultan ou le gouvernant de l'époque, désigné pour gérer et administrer les affaires du peuple, l'autorise". Et le Cheick Mufid d'ajouter : " Mais, il incombe au sultan ou au gouvernant islamique, désigné par Dieu, d'appliquer et d'exécuter les lois divines. Et ce sont les Imams infaillibles (bénis soit-ils), de la Maison du noble prophète (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants), ainsi que ceux qu'ils ont désigné ou nommé comme l'Emir ou le Gouverneur des territoires islamiques. Et les Imams immaculés (bénis soient-ils), ont laissé le soin aux jurisconsultes ( Foqahâ), chiites, et à ceux qui les suivre, de s'exprimer, si c'est possible, sur ce sujet. 1[1]
On constate bien dans cette expression la peur due à la gouvernance des oppresseurs et des tyrans. Le cheikh parle, tout d'abord du sultan, désigné par Dieu et le présente comme le seul à autoriser le meurtre ou le passage à tabac dans l'application du principe de " recommander le bien et de blâmer le mal" et il aborde, ensuite, "l'exécution des interdits" comme l'exemple manifeste dudit principe, 2[2] Le cheikh insiste et persiste, encore, sur ce point qu'il incombe au sultan musulman, désigné par Dieu, d'accomplir cette mission, avant de les présenter, ainsi:
1- Les imams infaillibles (bénis soient-ils), qui sont, directement, désignés, par Dieu, pour prendre les rênes des affaires de la société islamique et d'appliquer les lois divines.
2- Les Emirs et les gouverneurs que les Imams Immaculés (bénis soient-ils) ont désignés pour gérer et administrer les affaires sociales et politiques des territoires islamiques.
3- Les jurisconsultes chiites, désignés, par les imams immaculés (bénis soient-ils), pour gouverner la société islamique et pour exécuter les interdits divins.
Ceci dit, le défunt Cheikh Mufid évoque, à la fois, la gouvernance des Imams Immaculés (bénis soient-ils), une chose indéniable et irréfutable dans la culture chiite, et celle des représentants spéciaux des Imams, chargés de prendre en main les affaires politiques et sociales d'un territoire islamique, comme par exemple, Malek Ashtar, désigné comme gouverneur par le vénéré imam Ali (béni soit-il), et les quatre Représentants de l'Imam du temps ( que Dieu hâte sa venue), en période de l'occultation mineure, ou les Représentants ordinaires des Imams Immaculés( bénis soient-ils), c'est-à-dire les jurisconsultes( du doit musulman), chiites.
Bien entendu, le cheikh ( que son âme repose au paradis), tient du fait que les jurisconsultes chiites ne trouvent la possibilité ni les moyens de acquitter de cette mission divine. Par conséquent, il aborde cette question en avançant la "contrainte du lieu", énumère, ensuite, les cas où cette possibilité existe et dit :
" Si un Faghih( docteur du droit musulman), est en mesure d'exécuter les interdits divins, à l'égard de ses enfants et de ses esclaves, sans avoir peur d'un préjudice de la part du sultan oppresseur, il doit le faire. 3 [3]
Ces paroles qui font couler les armes aux yeux montrent combien la solide pensée chiite a fait l'objet de l'oppression tout au long de l'histoire de l'islam. Par ailleurs, ces paroles apportent un témoignage clair et évident sur la question de " Velayat-e Faghig dans la pensée, la mentalité et la culture des gens de la Demeure prophétique (que la paix divine soit sur eux).
Puis, le cheikh Mufid fait allusion à une autre forme de l'exécution des interdits divins et dits :
" Cette affaire, l'exécution des interdits, est une nette obligation pour un Faghih que le pouvoir a désigné pour s'en occuper ou pour prendre en charge la responsabilité d'un certain nombre de ses sujets. Par conséquent, il doit exécuter les interdits divins et appliquer et approuver les lois religieuses, mettre en pratique le principe de " recommander le bien et d'interdire le mal", et se livrer au Jihad( la guerre sainte), contre les infidèles. 4[4]
Cela veut dire que si les sultans despotiques et les souverains oppresseurs chargent un Faghih d'exécuter les interdits divins, il doit le faire, s'il en a la possibilité et les moyens, et si il n'a pas peur d'un préjudice de la part d'eux. Dans le même droit fil, le défunt cheikh Mufid évoque les 4 points suivants :
1- Exécuter les interdits divins, c'est-à-dire, appliquer les sanctions islamiques qui relèvent des prérogatives du gouvernant islamique.
2- Appliquer et approuver les prescriptions, comprenant toutes les lois divines et tous les devoirs et toutes les obligations religieuses. Le Faghih( l'autorité religieuse et spirituelle) doit œuvrer à la mise en application des lois et des principes islamiques dans toute la société et dans toutes ses dimensions.
3- Recommander le bien et blâmer le mal qui est du ressort du gouvernant islamique et le défunt cheikh Mufid l'a, déjà, évoqué.
4- Se livrer au Jihad et à la lutte contre les infidèles, ce qui comprend, à la fois la défense des territoires islamiques et l'attaque contre les infidèles. 5 [5]
Puis, le cheikh dit quelque chose sur sujet qui barre, peut-être, la route à toute justification inacceptable et toute interprétation irrationnelle. Il dit :
" Il incombe aux jurisconsultes, suivant les descendants du prophète( que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants), à se présenter, s'il leur est possible et s'ils sont à l'abri de l'harcèlement des gens corrompus, parmi leurs frères, pour accomplir la prière du vendredi, et les prières des fêtes religieuses et les prières faites au moment de l'éclipse solaire et lunaire, en vue de trancher leurs contentieux, d'établir la paix entre eux et de s'occuper de tout ce qui l'islam a défini comme la charge des magistrats. Car, selon les hadiths authentiques, relatés par des gens justes des imams [6]Immaculés (bénis soient-ils), ces derniers ont délégué aux jurisconsultes de s'acquitter de cette mission, dans la mesure de leur possibilité et de leurs moyens. 6
Ici, le cheikh Mufid aborde deux questions importantes :
1- Accomplir des prières telles la prière du vendredi, la prière du Fîtr, la prière du sacrifice, la prière de pluie, et la prière d'Ayât ( en cas des catastrophes et des désastres).
2- L'arbitrage et le juge relèvent, du point de vue du cheikh Mufid qui se réfère aux hadiths authentiques attribués aux imams immaculés( bénis soient-ils) , de la compétence des jurisconsultes. Nous allons évoquer plus tard et d'une manière détaillée, ces hadiths, dans nos futurs débats, portant sur le concept de Vélayat-e Faghih. Ici, nous nous contentons du fait que dans ces hadiths authentiques, la question de l'existence d'un imam juste a été abordée, d'une manière explicite, dans les cas des prières du Fîtr et du sacrifice7[7] et d'une manière implicite concernant la prière du vendredi. 8[8] Or, certains jurisconsultes en avançant cette interprétation que l'imam juste est, en effet, l'imam immaculé, n'ont pas considéré cette prière comme obligatoire, en période de l'occultation. Cependant, le cheikh Mufid en abordant ces prières, considère comme le devoir des jurisconsultes chiites, conçus comme les représentants de "l'imam juste" de les accomplir, et cela est en toute conformité et comptabilité avec ce que le Cheik avait, auparavant, défini comme devoirs des jurisconsultes, qui ont, également, la charge se livrer au "Djihad contre les infidèles". Il s'agit ici du Djihad initial. Car selon les hadiths, le Djihad est conditionné à l'existence d'un Imam Immaculé à qui il faut obéir, obligatoirement. 9 [9] Certains jurisconsultes ont souligné que l'Imam immaculé seul était en position de lancer le Djihad, considérant ainsi comme illicite de confier cette mission au jurisconsulte ( Faghih). Mais, le Cheikh Mufid croit que le Faghih chiite, en charge de gouverner et de gérer les affaires de la société en période de l'occultation des Imams immaculés(bénis soient-ils), et à qui, tout comme l'Imam, il faut, obéir, obligatoirement, peut se livrer au Djihad initial contre les infidèles.
S'agissant des dépuilles, le cheikh Mufic que " les dépouilles" n'appartiennent qu'au prophète, messager de Dieu (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants) et à ses successeurs, à savoir les gens de la demeure prophétique et les imams infaillibles (que la paix de Dieu soit sur eux). A ce propos, le cheikh Mufid dit :
" Personne ne peut faire main basse sur les dépouilles, sauf avec l'autorisation de l'imam juste" 10 [10]
On en déduit, tout en tenant compte de ce qu'il été abordé en matière du principe de recommander le bien et de blâmer le mal, que le cheikh Mufid, tout comme les autres oulémas chiites, entendait par là, la pensée de "l'Imam juste" et pour lui, ce dernier était quelqu'un qui était désigné, directement par Dieu et dont la gouvernance était acceptée par Dieu. A l'opposé de cette notion, nous rencontrons des termes tels que " l'imam oppresseur', " le sultan oppresseur" ou "l'Imam oppresseur" et ainsi de suite, et on entend là-dessus, des gouvernants dont la gouvernance n'est pas liée au Tout-puissant et elle n'est pas légitime du point de vue de la charia. Or, du point de vue de la charia, il n'est pas licite d'obéir à un tel individu. Par conséquent, on n'entend pas par le sultan juste, un gouvernant qui agit, seulement, selon la base de la justice, en matière de gouvernance et on n'entend pas aussi par le sultan oppresseur et des expressions de ce genre, un leader qui agit, en toute in justice, parmi le peuple. Mais, on veut dire par la première notion, un gouvernant dont la gouvernance est acceptée par la Charia et on veut dire par la seconde notion un gouvernant dont la gouvernance n'est pas acceptée par la charia.
Pour plus d'informations :
Mahdi Hadavi Tehrani, "Velayat et religiosité" Institut culturel de Khaneh Kherad, Qom, deuxième édition, 2001.
[1] R.F : Cheick Mufid, Al-Muqna'ah, p. 810.
[2] D'aucuns croient que l'exécution et l'application des interdits est du ressort de la justice, ce alors que dans les textes du droit musulman, le jugement se borne à trancher les conflits entre les gens et mettre un terme à leur hostilité. Ils considèrent que l'application des sanctions islamiques relève de la compétence de la plus haute autorité religieuse, en sa qualité de gouvernant de la société.
[3] R.F : Cheick Mufid (que son âme repose au Paradis), Al-Muqna'ha, p. 810
[4] RF: Bis
[5] On peut également dans ce concept, la possibilité du Jihad initial de la part du Faghi et cela ne constitue pas le sujet du présent débat.
[6] Le cheikh Mufid, Al-Muqna'ha, p. 811
[7] Cheikh Hor Amali, Vasael al-Shi'a, t. 5, pp. 95-96
[8] Bis, pp12-13
[9] R.F : AL-Hor al-Amali, Vasael al-Shi'a, t. 11 , PP. 32-35
[10] Le cheikh Mufid, Al-Muqna'ha, p. 279.