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1- L'amour romantique : c'est-à-dire aimer quelqu'un plus que toute autre chose, sans aucune forme de désir sexuel.
2- L'amour concupiscente : quand un homme éprouve une attirance sexuelle ardente pour une personne.
3- L'amour filial : quand par affection on veut se lier à quelqu'un par pour fonder une famille. On note ce genre d'amour chez les personnes âgées mariées depuis des années. Qui peut montrer laquelle des formes d'amour est juste est islamiquement conforme ? Les deux premières formes ne représentent-elles pas une épreuve de la part de Dieu ?
Les philosophes et les mystiques divisent l'amour sous plusieurs formes. Mais selon une répartition générale, il existe deux forme d'amour :
1- L'amour authentique ou l'amour de Dieu, de Ses attributs et de Ses actes.
2- L'amour figuratif : c'est une forme d'amour dont le champ d'application est très vaste. Certes, elle ne se limite pas seulement à l'affection d'un homme peut éprouver pour une personne. L'amour de toute autre chose que Dieu est figuratif. Quant à savoir quel est le bien fondé de cet amour, on peut juste dire qu'il n'y a aucun danger si l'amour voué est du genre authentique ou certains qui sont figuratifs, tels que l'amour rationnel et spirituel. Ce genre d'amour passe même pour être un motif de perfection. Il n'y a aucun problème si l'amour est du genre empreint de concupiscence et de jouissance (l'amour animal qui est le plus petit degré d'amour), pourvu qu'il soit encadré par la pudeur, la piété et la législation divine. Ce genre d'amour disparait aussi rapidement qu'il apparait et on ne peut s'y fier, encore moins le recommander. Il détruit les vertus et on n'y tire profit que si on n'évite de s'y soumettre en le couvrant de piété et de pudeur. Il ne laisse de marque positif que si le sujet amoureux arrive à maintenir le cap entre l'inaccessibilité d'un côté et la pudeur et la piété de l'autre côte. Une position intermédiaire qui apporte son lot de pression et de difficulté à l'esprit de l'amoureux.
C'est d'ailleurs ici que les mystiques disent que l'amour figuratif devient l'amour authentique, c'est-à-dire que cet amour devient un amour pour Dieu. L'homme peut alors en tirer profit. Il a en plus des conséquences et des avantages. Par exemple, l'amour authentique apporte à l'homme la force, le dynamisme et l'agilité. Il dissipe la peur et donne plus d'audace. L'amour transforme l'avare en généreux, comble l'âme et éveille le talent et le génie interne et externe de l'être. L'amour authentique qui purifie l'âme de toute souillure est très apprécié et sa forme figurative ne présente aucun problème s'il est régularisé par la piété et la pudeur.
Les philosophes et les mystiques définissent l'amour comme une affection excessive et un désir ardent pour quelque chose. En d'autres termes, l'amour est l'excès d'affection et d'attachement d'un amoureux pour l'objet de son amour, une plante qui assèche n'importe quel arbre sur lequel elle se greffe et reste toujours fraîche. Tout amour qui s'empare d'une âme la dépossède, l'assujettit et l'illumine.[1]
L'amour et l'affection sont des sentiments suprêmes pour le mystique et font partie des plus importantes bases de fondement de la gnose. Pour la gnose, l'amour est un don de Dieu[2] et non un acquis de l'homme, même si on peut passer par des préliminaires pour accéder à l'amour. Abou Ali Sina (Avicenne) pense que l'amour est la raison de vivre de toute créature. Pour lui, l'amour n'est pas l'apanage des hommes seulement. Toutes les créatures le vivent d'une manière ou d'un autre.[3]
Mollâ Sadrâ reconnait aussi l'amour comme une réalité vivent et ressentent toutes les créatures et qu'il en existe aucune qui s'en passe.[4]
Les mystiques et les philosophes divisent l'amour sous plusieurs formes. Mais, de manière générale, il existe deux formes d'amour :
A- L'amour authentique qui n'est rien d'autre que la dévotion qu'on a pour Dieu, Ses attributs et Ses actes. L'amour sincère pour Dieu ne se manifeste pas par désir pour le Paradis ou par crainte pour l'Enfer. C'est un amour qu'on éprouve à la simple conception de la grandeur et ma magnificence de Dieu. Le cime de la dévotion pour Dieu se manifeste lorsqu'on ressent une ferveur totale pour Lui après avoir épuré l'âme de l'attachement à toute chose.
B- L'amour figuratif : il couvre un vaste champ d'interprétation et ne se limite pas seulement entre l'homme et son semblable. Chaque fois qu'on éprouve un sentiment d'affection et de désir pour autre chose que Dieu, on parle d'amour figuratif. Il s'exprime sur une panoplie de choses : l'amour de la nature, l'amour pour une femme, un enfant, l'argent, les biens, la beauté, la célébrité… l'amour figuratif est une forme d'expression variée de sentiment chez l'homme. C'est-à-dire que l'homme demeure l'amoureux, mais ne constitue pas nécessairement la chose aimée dans tous les cas. Nous énumérons ici quelques exemples d'amour figuratif :
1- L'amour rationnel : la source de genre d'amour dans le langage philosophique est l'intérêt qu'on a pour Dieu. Il est propre au béatifiés rapprochés à Dieu. Cet amour nait de la raison universelle sommeillant au cœur de l'âme subjective dans le royaume des cieux à travers la contemplation de la grandeur de Dieu dans l'au-delà. L'amour rationnel s'accorde à la perfection et la beauté spirituelles (aux vrais saints et leurs qualités connectées au Royaume des cieux et au-delà). La perfection, la beauté absolue et leurs manifestations constituent la source de cet amour. Particulièrement réservé aux béatifiés, les illuminés et tout ce qui est éternel, cet amour s'installe dans le cœur et l'âme.[5]
2- L'amour spirituel porte sur tout ce qui est beau, que ce soit les formes ou les apparences liées à la vue ou le son… Il s'enracine dans la perfection et le beau toujours accompagnés d'un plaisir rationnel. L'amant éprouve du plaisir pour quelque chose juste pour sa beauté et sa perfection et non pas pour un quelconque intérêt. Seul un groupe d'individus particuliers sont concernés par ce genre d'amour.
3- L'amour inné relatif à l'âme : cet amour se focalise sur la beauté physique et l'apparence de la chose aimée (sans aucun désir de jouissance concupiscent), juste pour son parfait équilibre et la manière dont elle est conçue et structurée.
Abou Ali Sina affirme : " ce genre de sensation est réservée à l'homme et ne se rencontre pas chez l'animal". iI ajoute : " la passion de l'âme pour le beau et l'apparent tel qu'un joli visage nait de deux manières : instinctivement et raisonnablement". Il dit aussi à propos de l'amour naturel rationnel : " l'épris apprécie la chose aimée parce qu'elle présente une bonne image rationnellement harmonisée, équilibrée et structurée. Cet amour dénué de tout penchant concupiscent permet l'élévation de l'âme vers la dignité e la grandeur.[6] Ce désir provient du sens de la beauté et de l'affection chez l'homme et se rattache à la faculté de reconnaitre le beau en soi et le sentiment d'affection. Ici la beauté physique est l'objet de l'amour.
Narâqi Mollâ Ahmad affirme dans Mi'râj ul Sa'âda : " l'amour et l'affection ne s'acquièrent qu'au moyen d'une cause et le fait qu'ils (l'amour et l'affection) sont engendrés par plusieurs facteurs. Donc l'amour et l'affection se repartissent de plusieurs manières. Selon lui, la beauté physique est une expression de l'amour. Il ajout : " il ne faut pas s'imaginer que la beauté physique ne peut se concevoir qu'avec la jouissance concupiscente. La perfection de l'âme pour le beau et le bien par nature sans aucune autre idée mène à la satisfaction spirituelle qui en soi est appréciée. L'amour pour la végétation et l'eau s'inscrit dans le cadre du plaisir que l'homme éprouve à les contempler qu'à l'idée de les manger. Il déclare : " Le messager de l'islam éprouvait de l'admiration et la joie lorsqu'il contemplait l'eau et la végétation. Toute âme pure éprouve du plaisir à la vue des fleurs, le bourgeon, la tulipe, la floraison… cette contemplation dissipait sa tristesse.[7]
4- L'amour inné animal
Il s'oppose à l'amour pudique et la modestie généralement destinés à satisfaire les plaisirs concupiscents.[8] Abou Ali Sina rappelle à propos de ce genre d'amour:" Ce genre d'amour motivé par les jouissances concupiscentes (sexuelles) bouscule le moi raisonnable. Car l'âme raisonnable s'occupe des généralités qui dans leur nature traitent des choses éternelles. Raison pour laquelle ce genre d'amour mérite la censure et la répréhension"[9]
Le professeur Shahid Mortadha Motahari affirme aussi à propos de cet amour:" ce genre d'amour disparait aussi vite qu'il apparaît. On ne peut s'y fier, encore moins le recommander. Il tue les vertus et on ne peut y tirer profit que si on l'entoure de pudeur, de piété sans se laisser soumettre par lui"[10] . En d'autres termes, il est prit entre l'inaccessibilité d'une part et la pudeur d'autre part. Sans oublier le lot de pression qu'il apport à l'esprit de l'amoureux. Ce n'est que dans ce contexte qu'il peut y avoir un effet positif. C'est d'ailleurs pour cela que les mystiques disent:" L'amour figuratif devient l'amour authentique. C'est-à-dire l'amour revient vers Dieu le Très-Haut.[11]
L'amour empreint de concupiscence est une forme de jouissance et de plaisir, comme manger, se marier… Il provient des désirs et des penchants animaux et se situe dans la dimension concupiscente de l'âme ou l'âme malveillante. L'amant désir ici posséder et jouir de l'objet de son amour. Quant à savoir quel est le bien fondé de cet amour, les philosophes sont partagés sur la question. Certains estiment qu'il est appréciable, d'autres le trouvent répugnant. Mollâ Sadrâ déclare:" On rencontre dans la plupart des sociétés ce genre d'amour orienté vers la jouissance et le désir ardent de ce qu'on voit. C'est une disposition naturelle régie par un but et une philosophie précise. Et c'est dans ce sens qu'il est apprécié. Cet amour nait très souvent de l'art de séduire et du bon parler". Il dit aussi:" L'attirance vers la beauté apparente débouche sur la mariage et assure la pérennité de l'espèce".
L'amour animal inné qui est le plus bas niveau de l'amour et la base de la plupart des désirs et penchants quoique blâmé par certains philosophes et mystiques, peut présentés des avantages, pourvu qu'il soit régulé par la pudeur, la piéta et la législation religieuse. Car selon Mollâ Sadrâ, il garantit la pérennité de l'espèce par le mariage.
Mollâ Sadrâ fait partie des philosophes et des mystiques qui repartissent l'amour en trois catégories:
- L'amour authentique ou la dévotion de Dieu, Ses attributs et Ses actes.
-L'amour figuratif qui est soit sans penchant concupiscent ou avec penchant concupiscent.
Il croit que toutes les créatures de l'univers aiment la vérité (Dieu) par amour authentique et désire rencontrer Dieu. Dieu le Très –Haut a placé dans chaque créature une forme d'amour particulier[12].
EFFETS GÉNÉRAUX DE L'AMOUR.
L'amour authentique engendre de grandes et fructueuses bénédictions différentes des avantages procurés par l'amour figuratif.
Les différentes sortes d'amour partagent certains effets. En d'autres termes, sans tenir compte de la forme, l'amour est soit authentique, soit figuratif. Et le figuratif peut appartenir à la dimension rationnelle de l'âme ou à la dimension concupiscente.
Et si on ne tient pas compte de l'objet aimé, certains effets sont communs à toutes les formes d'amour. Par exemple :
1- La préhension de l'égocentrisme, l'orgueil et la complaisance de l'amoureux.
2- Source d'énergie, de force et de dynamisme.
3- La simplification des défauts de l'objet aimé et sa mise en valeur par bonification.
4- La disparition de la peur de l'amoureux et la naissance d'un certain courage et l'audace.
5- Faire naître un sentiment de magnanimité et de pardon.
6- Combler l'âme et éveiller le génie et le talent intérieurs et extérieur grâce à l'amour.
CONCLUSION : On retient de l'ensemble des propos des mystiques et des philosophes que l'amour est authentique ou figuratif, tels que l'amour rationnel et l'amour spirituel. Ce genre d'amour n'est non seulement pas condamnable, il élève vers la perfection. Quant à l'amour empreint de concupiscence et à la jouissance, il ne représente aucun danger s'il est encadré par la piété et la pudeur.
[1] Al tahânoui, Ali ibn Mohammad ibn Ali, kashif istilâhât al funune (l'illustré des termes techniques), vol 2, page 1012; Sajjadi, sayyed Ja'far Farhang istilâhât va ta'mirat irfani (dictionnaire des termes mystiques), le mot Amour; Hamou, le dictionnaire des sciences rationnelles, page 357
[2] Attâr Neishabouri, Tazkirat ul Aoliyâ, page 328
[3] Abou Ali Sina (Avicenneà, Al Rasâ'il, page 375
[4] Mollâ Sadrâ Hikamat ul Mota'âliya, vol 7, page 149
[5] L'amour et l'affection dans la
philosophie et la gnose théorique, page 152
[6] Abou Ali Sina, Essai sur l'amour cité par L'amour et l'affection dans la philosophie et la gnose théorique, page 139, 140
[7] Narâqi Mollâ Ahmad, Mi'râj ul Sa'âda, page 529
[8] Sajjadi, sayyed Ja'far, Farhang ulûm aqli (dictionnaire des sciences rationnelles), page 138 - 140
[9] Abou Ali Sina, Essai sur l'amour cité par L'amour et l'affection dans la philosophie et la gnose théorique, page 140, 141
[10] Le professeur Shadid Mortadhâ Motahari, ensemble des œuvres, vo 16, page 251