Il existe deux catégories de moyens de subsistance (rizq). Ceux que nous cherchons et ceux qui nous cherchent. Dans les récits, le rizq qui nous cherche est appelé « le rizq talib » et le rizq que nous cherchons est appelé, lui, « le rizq matloub ». Le rizq talib (celui qui nous cherche) et le rizq certain, ce sont notre existence, la vie, les moyens dont nous disposons, l’environnement dans lequel nous vivons, la famille, les aptitudes, les capacités, etc. A partir de ce rizq naissent, l’énergie ou la force nécessaire à mener des efforts, la précision, la vigilance et le discernement en vue de travailler. Et c’est à partir d’une telle conjoncture et de telles conditions que la porte du rizq matloub (celui que nous cherchons) s’ouvre à nous. Pour obtenir, le rizq matloub, chacun de nous doit à sa manière le demander au Très Haut (avec sérieux et effort, bien entendu). Même un nouveau né ou un bébé dont l’effort est de pleurer et de crier, cherche à obtenir ainsi son rizq matloub, qui n’est autre que le lait maternel. Mais ce même bébé, au fur et à mesure qu’il grandira, ses efforts prendront progressivement d’autres formes et se mélangeront avec la pensée, la réflexion, l’action et par voie de conséquence la qualité et la quantité du rizq changeront aussi. La conclusion c’est qu’à partir du rizq certain et sans condition naissent les efforts, les activités, l’action et la réflexion et à partir des efforts et des activités naissent le rizq matloub et conditionné. Le rizq certain n’est pas objet au changement ou à l’évolution, à la baisse ou à la hausse. Toutefois, eu égard aux modalités de préparation du rizq matloub, on pourrait changer la qualité ou la quantité de ce dernier.
La réponse à cette question pourrait comporter deux introductions et une conclusion.
Première introduction : le rizq (la subsistance) et le pain quotidien que le Très Haut nous assure sont la part qui reviendra aux créatures divines pour continuer leur vie et leur existence. Bien entendu l’engagement divin pour assurer le rizq et le pain quotidien que nous attribuons à Dieu, Tout Puissant, est différent de l’engagement et des garanties que nous connaissons chez les êtres humains. En effet, si le noble Coran affirme que la subsistance (le rizq) incombe à Dieu[1], il faut rappeler ici le fait que celui qui garantit le rizq des créatures, c’est bien Allah, le Tout Puissant, celui qui a créé l’univers, notre Créateur. C’est la raison pour laquelle, l’engagement divin diffère de l’engagement de l’Homme qui fait lui-même partie de cet ordre et système de création. Ainsi, connaître l’action divine et le fait qu’il est le dispensateur de tous les biens, c’est connaître mais aussi reconnaître l’Ordre de l’univers. Nous faisons partie de cet univers et comme toutes les autres parties de celui-ci, nous avons des devoirs et des obligations. Bien entendu, nos devoirs et nos obligations vis-à-vis des provisions, des vivres et des nourritures et que d’ailleurs, la Charia nous oblige à les respecter, font parties des règles de la subsistance définies par le Très Haut. La puissance de végétation et d’alimentation qui existent chez les plantes, par exemple, reflète aussi, les instincts des créatures qui les poussent à se nourrir. Tous ses exemples, sont les signes que c’est le Très Haut qui nous assure notre nourriture et nos moyens de subsistance. Dieu est le dispensateur des biens, y compris la provision qu’Il nous réserve à chacun d’entre nous. C’est le Tout Puissant qui alimente chacune de ses créatures en instinct de survie pour qu’elle cherche ce dont elle a besoin et d’obtenir satisfaction par les efforts qu’elle accomplie. Ce sont ces efforts qui aplanissent le terrain à l’obtention des bienfaits divins, y compris les moyens de subsistance. Il existe en effet, une suite logique et un lien particulier entre les différentes parties de l’existence. Lorsque l’être humain est encore un bébé, il n’a pas la capacité et le pouvoir de chercher son riqz ou ses moyens de subsistance qui lui sont destinés. On les lui apporte, et prépare. Or, plus ce bébé grandit, plus il trouve de l’autonomie et de la curiosité pour s’assurer ses moyens de subsistance. Il prend conscience au fur et à mesure qu’il grandit, que son rizq ne sera pas à sa disposition aussi facilement que lorsqu’il était plus jeune. C’est comme si le rizq qui lui est réservé était loin et qu’il devrait parcourir une distance pour aller le chercher. En réalité, il existe une relativité entre le rizq et son destinataire. Il est en ainsi pour les êtres humains, pour les plantes, pour les animaux et toutes autres créatures de Dieu. Le rizq suffisant par exemple pour une plante ne l’est pas forcement pour un animal. La question de l’acquisition du rizq est différente. La distance entre le riqz et son destinataire est plus grande chez les êtres humains. Ici, le destinataire du rizq dispose moyens supplémentaires, y compris l’intelligence, le savoir-faire la science, la révélation et la prophétie, à côté de ses obligations et devoirs, pour l’aider à trouver ses moyens de subsistance. En fait, pour ce faire, le Très Haut a établit des règles. On peut trouver le reflet de cette affirmation dans ces quelques vers de poésie :
N’avale pas la tentation d’Iblis, afin qu’il meure
Celui qui a donné la dent, assure aussi le pain
Il est Omniscient, le Seigneur et Maître du jour
Puisqu’Il assurera le pain quotidien, ne t’inquiète pas
Celui qui a créé l’enfant dans le ventre de sa mère
Est Celui-là même qui rédige la vie et le quotidien
C’est vrai, mais cela ne signifie pas qu’il suffit d’avoir des dents pour que le pain soit mis directement sur la table de quelqu’un. Mais cela signifie que si le pain n’existait pas, la dent n’aurait pas eu sa raison d’être. Ou encore, si la dent et « son propriétaire » (individu) n’existaient pas, le pain n’existerait pas non plus. Autrement dit dans la création, il existe bel et bien un lien logique entre le riqz, son destinataire, les moyens qui sont à la disposition de ce dernier, pour chercher mais encore trouver sa subsistance. Celui qui a créé l’Homme dans la nature, Il lui a donné des dents et Il a créé aussi, le « pain » c'est-à-dire la nourriture qui elle aussi se trouve dans la nature. L’Homme dispose également de la pensée de la réflexion, de l’intelligence, de la force d’action et d’acquisition et le sens du devoir pour arriver à son rizq. Tous ceux-ci sont –ensemble- sont le symbole et les signes que Dieu le Tout Puissant nous accorde nos moyens de subsistance.[2]
Deuxième introduction: Il existe deux catégories de moyens de subsistance (rizq). Ceux que nous cherchons et ceux qui nous cherchent.[3] Le rizq qui nous cherche est appelé « le rizq talib » et le rizq que nous cherchons est appelé, lui, « le rizq matloub ». Le rizq talib (celui qui nous cherche) est toujours à notre poursuite, même si nous essayons de l’éviter. Il n’est pas prêt à nous « lâcher », telle la mort qui n’est pas prête à nous « lâcher » et qu’il n’est pas possible d’y échapper.[4] Ce type de rizq trouve sa racine dans la prédestination divine et il ne fait pas l’objet de changement ou d’évolution. A ce propos, feu Allameh Tabatabaï, précisait que « le rizq et son destinataire sont complémentaire l’un à l’autre et qu’il n’y a aucune logique à prétendre que le destinataire du rizq cherche à survivre sur le chemin de sa vie, sans qu’aucun rizq ne lui soit destiné ou que le rizq soit supérieur au besoin de son destinataire. C’est la raison pour laquelle attribution du rizq appartient à la prédestination divine ».[5]
Le rizq que nous cherchons est appelé, lui, « le rizq matloub ». Celui-ci est destiné à la personne qui le cherche. Si nous respectons les conditions et les causes de son obtention, nous l’acquerrons. En réalité, les efforts que nous fournissons pour l’obtenir fait partie de sa raison d’être et si ce rizq se trouve aux côtés, des autres causes préparés dans le monde invisible, nous l’obtiendrons de façon certaine. A ce sujet, le Prince des croyants, l’Imam Ali (béni soit-il) a affirmé : « Il faut demander le rizq. Il a de la teneur et il est abondant, mais seulement pour celui qui le cherche ».[6] La garantie du rizq sans le chercher (dans le rizq ,atloub) est impossible, tout comme une dette sans garantie est insignifiante. C’est la raison pour laquelle, il y a deux sortes de subsistance que Dieu, Tout Puissant, désigne pour ses créatures. Une première sorte de subsistance qui est sans préalable et condition (le rizq talib) et une seconde qui est conditionnée (le rizq matloub). Le rizq talib (celui qui nous cherche) et le rizq certain, ce sont notre existence, la vie, les moyens dont nous disposons, l’environnement dans lequel nous vivons, la famille, les aptitudes, les capacités jusqu’à ce qu’elles soient comblées. Le rizq talib comme son nom l’indique nous cherche et nous suit. Selon les propres termes du noble Prophète de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants) « Personne ne meurt que lorsque son rizq ne soit complet ».[7] Mais en ce qui concerne le rizq matloub et conditionné, sa certitude et son gain sont conditionnés à certains actes et à la prise de considération de certaines choses qui sans leur réalisation, il n’est pas question d’obtenir ce rizq.[8] Comme on le disait plus haut, le rizq certain, ce sont notre existence, la vie, les moyens dont nous disposons, l’environnement dans lequel nous vivons, la famille, les aptitudes, les capacités et à partir de ce rizq naissent, l’énergie ou la force nécessaire à mener des efforts, la précision, la vigilance et le discernement en vue de travailler. Et c’est à partir d’une telle conjoncture et de telles conditions que la porte du rizq matloub (celui que nous cherchons) s’ouvre à nous. Pour obtenir, le rizq matloub, chacun de nous doit à sa manière le demander au Très Haut (avec sérieux et effort, bien entendu). Même un nouveau né ou un bébé dont l’effort est de pleurer et de crier, cherche à obtenir ainsi son rizq matloub, qui n’est autre que le lait maternel. Mais ce même bébé, au fur et à mesure qu’il grandira, ses efforts prendront progressivement d’autres formes et se mélangeront avec la pensée, la réflexion, l’action et par voie de conséquence la qualité et la quantité du rizq changeront aussi. La conclusion c’est qu’à partir du rizq certain et sans condition naissent les efforts, les activités, l’action et la réflexion et à partir des efforts et des activités naissent le rizq matloub et conditionné. Le rizq certain n’est pas objet au changement ou à l’évolution, à la baisse ou à la hausse. Ce n’est ni l’avidité d’une personne avide et ni la dépression d’un individu indifférent qui pourraient arrêter le rizq certain. [9] Ceci dépend en effet, des modalités de préparation du rizq matloub et des efforts que nous menons pour y arriver. C’est ainsi que l’on pourrait changer la qualité ou la quantité du rizq matloub. A titre d’exemple, la bonne foi et une préparation permanente à la prière et à l’imploration sont des actes susceptibles d’augmenter le rizq matloub.
Quelqu’un a demandé au noble Prophète de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants) que devrais-je faire pour que mes moyens de subsistance augmente ? « Soit toujours paré à la prière et à l’imploration de Dieu pour que ton rizq augmente » lui a répondu le noble Messager de l’Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants).[10] Et toujours à ce propos, le Prince des croyants, l’Imam Ali (béni soit-il) a affirmé : « Celui dont les intentions sont bonnes, verra son rizq augmenté ».[11]
Après avoir compris le lien qui existe entre le rizq (moyens de subsistance) et son destinataire ou bénéficiaire, il nous est donc indispensable de fournir des efforts et de réunir les moyens qui sont à notre disposition en vue de faciliter l’obtention et l’acquisition de notre rizq. Il nous faut aussi comprendre, trouver et suivre la voie la plus saine et la meilleure pour arriver à notre rizq en nous appuyant sur le Très Haut et en lui faisant confiance.
Cette terre et les difficultés ne sont que voiles
Vois, à tous les instants, en Dieu, l’origine du Rizq
Lorsque tu sèmes dans la terre l’origine
De chaque graine poussera des centaines
Supposons que tu sèmes une graine
Dans la terre où tu vois la cause de la récolte
Si deux ou trois ans, il n’y pousse rien
Que ferais-tu donc qu’imploration et prière
Te frappant la tête par les mains devant la Cour divine
La tête et les bras témoignent que tout provient de Lui
Afin que tu saches que l’origine de l’origine du rizq est Lui
Que celui qui est en quête de son quotidien, soit en quête de Lui
Demande à Lui ton rizq, ni à Omar ni à Zeyd
Demande à Lui l’ivresse, ni au vin ni à l’opium
Demande à Lui la richesse, ni au trésor, ni aux biens
Demande à Lui la réussite, ni à l’oncle, ni aux proches [12]
[1] - La sainte sourate Houd, 6
[2] - “Les vingt discours” de Morteza Motahari; discours n°6 p.127
[3] - La voix de l’éloquence, letter n°31
[4] -Mohammad Reyshahri; Seyyed Hamid Hosseini, Extraits de Mizan al-Hekmat, récit n°2564
[5] - Allameh Seyyed Mohammad Hossein Tabatabaï, Tafsir al-Mizan, Tome 18, partie 27, p.377
[6] - Extraits de Mizan al-Hekmat, récit n°2555
[7] - Ibid, récits n°2561
[8] -Rizq signifie littéralement ce dont on bénéficie.
[9] - al-Majlessi, Behar al-anwar
[10] - Extraits de Mizan al-Hekmat, récit n°2574
[11] - Ibid, récits n°2579
[12] - Le Masnavi: Recueil des poèmes de Molana Jalal-e-Din Mohammad Molavi