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Date de mise à jour: 2011/09/06
Condensé de la question
L’empereur Héraclius était à la tête de l’armée romaine lors de la guerre contre l’Iran. Peut-on dire que cet empereur compte parmi les serviteurs adorés de Dieu et qu’il ira au paradis ?
Question
Dans la sourate Rome, on parle de la défaite de l’empire romain d’Orient (Byzance) composé des gens du livre face aux perses zoroastriens et adorateurs de feu. Ensuite on dit : « Dans une courte période et dans quelques années, ils vaincront les perses dans la plus basse région. Les croyants se réjouiront ce jour. C’est ainsi que Dieu punit les injustes, l’ordre appartient à Dieu… ». Dans son livre intitulé « Ressalat Nour », Sheikh Sa’di Noursi glorifie Héraclius et écrit qu’il est devenu musulman et il est mort étant musulman. Voici ma question. L’empereur Héraclius était à la tête de l’armée romaine (lors de la guerre contre l’Iran). Un tel empereur qui dirigé une telle bataille et les combattants dévoués qui ont perdu leur vie. Sont-ils considérés comme les serviteurs adorés de Dieu ? Sont-ils des croyants et iront-ils paradis ?
Résumé de la réponse

 La réjouissance des musulmans après leur victoire sur les romains ne prouve pas que les romains et leurs empereurs sont des musulmans. Tout celui qui croit et accomplit les bonnes œuvres mérite le paradis, selon ce qui sera développé dans la réponse détaillée. Les témoignages historiques ont prouvé et prouvent d’ailleurs que l’empereur romain n’était non seulement pas devenu musulman, mais il n’était même pas un homme pieux.

1- Parmi les guerres qui ont eu lieu à l’époque du prophète (ç), on peut citer l’expédition de Mouteh sous le commandement de Ja’far Tayyâr qui y a même laissé sa vie (et cette guerre était contre les Romains)[i]

2- Qu’est-ce qui a poussé le prophète (ç) de l’islam à organiser à la fin de sa vie une expédition militaire sous le commandement d’Oussama ? Tout cela montre que l’empereur romain ne s’est pas islamisé au temps de prophète (ç). Même après le prophète (ç), une autre guerre contre les romains (la batille de Zât sawari) a eu lieu à l’époque des califes entre l’an 31 et l’an 34 hégire.

Amr ibn Aas avait proposé à Mouawiyya dans la dynastie des Omeyyades de signer un traité de paix avec les Romains afin de se concentrer uniquement sur la bataille de Seffine. En plus les documents historiques révèlent que Mouawiyya avait envoyé son fils Yazid combattre les romains, une manière de montrer aux musulmans que son fils convient au poste de calife. Mais il avait essuyé une défaite. Il y a ici un hadith rapporté par les historiens comme ibn Khaldoun qui écrit dans son livre d’histoire que l’empereur Romain Héraclius avait convoqué Abou Soufiyan et lui avait posé quelques questions sur le prophète (ç). Finalement, il s’était islamisé mais ses partisans et les hommes de sa cour avaient désisté. Ibn Khaldoun rapporte en même temps que ce même Héraclius avait combattu les musulmans jusqu’à sa mort en l’an 21 après l’hégire.

Nous nous retrouvons face à deux situations incertaines. Soit nous acceptons le hadith (et nous admettons qu’il a cru au prophète (ç)) soit nous considérons son attitude et ceux qui ont poursuivi ses œuvres (qui étaient les ennemis des musulmans). En admettant qu’il a cru au prophète (ç), à quoi aurait servi cette foi accompagnée de la guerre contre les musulmans.



[i]- Al Bidaya wa Nihaya, vol 4, page 241

Réponse détaillée

Votre question peut être développée en 2 phases :

1- Les versets révélés dans la sourate Rome sont-ils des preuves qui légitimisent les guerres menées par les Romains ? Leurs victimes sont–elles considérées comme des martyrs ? L’empereur Romain a-t-il suivit la bonne voie ?

2- selon ces versets et d’autres principes de base islamique quel sera le statut des soldats romains le jour du jugement ?

A propos de la 1 ère partie de la question on peut dire ceci : contrairement à l’empereur perse, l’empereur romain a adopté une attitude respectueuse face à la lettre du prophète (ç). C’est un fait reconnu même dans nos sources de hadiths.[1] Mais il n’existe aucun témoignage historique fiable prouvant qu’il aurait accepté l’islam et qu’il aurait combattu dans le but de faire progresser la religion islamique. Ce qui est écrit dans « Resalat Nour » ne concorde pas avec les faits. En effet chaque groupe adhérait à l’islam donnait l’allégeance au prophète (ç) et allait en guerre avec ses ordres. Rien de tout cela n’apparait dans le dossier de l’empereur romain. Si les musulmans nourrissaient le désir de voir les romains vaincre les perses, c’est tout simplement parce qu’ils étaient chrétiens (romains) et ils partageaient beaucoup de valeur avec musulmans. Il est tout a fait logique que nous souhaitons la victoire de ceux qui sont proche de nous même s’ils ne partagent pas notre religion.

Nous pouvons apporter un verset coranique pour confirmer cela : «Tu trouveras certainement que les Juifs et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent: ‹Nous sommes chrétiens.› C'est qu'il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu'ils ne s'enflent pas d'orgueil. ».[2] Le contenu de ce verset montre que le coran fait la distinction entre les non musulmans même comme il ne reconnait pas officiellement ceux qui sont demeurés dans le christianisme après l’apparition de l’islam. En effet, non seulement les idolâtres et les juifs n’ont pas accepté l’islam, ils n’ont jamais cessé de montrer leur entêtement et leur hostilité envers les musulmans. Mais malgré le fait que les chrétiens ne sont pas des musulmans, ils entretiennent de bonnes relations avec les musulmans du fait de certaines valeurs morales qu’ils ont ensemble.

Quant aux réjouissances des croyants, le coran dit : « si aujourd’hui les idolâtres se réjouissent de la défaite des romains) les croyants seront contents le jour où les romains vaincront. Oui ils se réjouiront de l’assistance de Dieu » certains estiment que les musulmans manifesteront leur joie pour la victoire des mains, même comme ils comptent parmi les mécréants. Mais comme ils ont un livre révélé, leur victoire face aux zoroastriens est considérée comme un triomphe du monothéisme sur l’idolâtrie. D’autres estiment que la joie des croyants se justifie par le fait que cet évènement était un bon présage montrant que les musulmans allaient vaincre les idolâtres. Ou parce que la grandeur du coran s’est manifesté ce jour travers ses prophéties inéluctables, une victoire spirituelle pour les musulmans.

On peut aussi dire que la victoire des romains était proche de celle des musulmans sur les idolâtres. Certains commentateurs du coran déclarent que cette victoire équivaut à celle de « la bataille de Badr » ou « le traité de paix de Houdeibiyya » qui parait comme une victoire grandiose. L’expression « avec l’aide de Dieu » va effectivement dans ce sens.[3] On peut retenir que la joie des musulmans pour la victoire des romains ne constitue pas une preuve absolue qu’ils sont devenus musulmans avec leur empereur et que leurs victimes sont considérés comme des martyrs. La réjouissance des musulmans se justifie peut-être parce qu’un groupe avec qui ils partagent beaucoup de choses allait vaincre un ennemi commun. D’autres raisons exposées interviennent probablement.

Concernant la 2ème partie de la question et le jugement que nous avons sur les soldats romains en se fondant sur les versets de la sourate Rome, il faut dire que le coran reconnait la foi et les bonnes œuvres comme critères de droitures pour les hommes. Les deux éléments apparaissent dans des 10 aines de versets.[4] De la même manière que la foi sans les bonnes œuvres ne compte pas, les bonnes œuvres sans la foi sont vaines et ne contribueront à sauver quelqu’un le jour du jugement. Cela concerne aussi bien les musulmans que les non musulmans. Même celui qui fait semblant d’être musulman et fait quelque de bien comme le jihad, cet acte ne lui sera utile en rien. En citant un exemple qui s’est produit à l’époque du prophète (ç), on comprendra mieux le rôle de la vraie foi dans l’acceptation des bonnes œuvres. Les compagnons du prophète (ç) faisaient auprès de lui l’éloge d’un homme appelé Kozman. Ils expliquaient au prophète (ç) comment il assistait ses camarades au front ainsi que l’action de la motivation qu’il apportait aux troupes. Le prophète (ç) ainsi : « il compte parmi les gens de l’enfer ! » Après un bout de temps on informera le prophète (ç) que Kozman venait de tomber martyr. Le prophète (ç) déclara : « témoignez que je suis l’envoyé de Dieu : En ce qui concerne Kozman, il a livré une bataille féroce contre l’ennemi, il a tué 6 ou 7 personnes. Il a été sérieusement blessé et on l’a porté dans le fief de Bani Zafar à Médine pour des soins.les musulmans lui ont dit ceci en le voyant : « A toi le paradis ! Tu as bien combattu aujourd’hui ! Kozman répondit : « Qu’est-ce que vous m’annoncez-là. Je jure par Dieu que je suis allé au combat pour l’honneur et la gloire de ma tribu, si ce n’était cela, je n’aurais pas posé mon pied sur la scène de combat (c’est-à-dire que je n’avais aucune motivation religieuse) » lorsqu’il n’en pouvait plus de douleur de l’opération, il retira une flèche de sa pochette et mit fin à ses jours »[5]

Vous constatez que cet homme n’a pas mérité le paradis malgré le fait qu’il a combattu dans les rangs des musulmans et liquidé quelques ennemis en faveur l’islam. Tout cela parce qu’il n’avait pas la vraie foi.

Ainsi, on ne peut pas dire que l’empereur romain et ses soldats méritent le paradis parce qu’ils ont battu les ennemis de l’islam. En plus il existe deux groupes de versets dans le coran qui laisse comprendre que :

1- si les gens du livre (tels que les juifs, les chrétiens et les sabéens) qui avaient foi en Dieu et au jour du jugement ont accompli de bons actes, Dieu leur accordera une récompense convenable.[6]

2- Ceux à qui la vérité n’a pas encore été bien expliquée et qui face à cela ne montrent aucun signe d’entêtement doivent attendre la décision de Dieu le jour du jugement. Les expressions «Mostadha’fine et Ashâb a’raaf » s’appliquent sur ce genre de personne.[7] A partir de ces versets, on peut déduire que les personnes qui n’ont pas encore embarrassé l’islam et ne manifestent aucune hostilité vis-à-vis de cette religion peuvent beaucoup compter sur l’immense miséricorde de Dieu, pourvu qu’elles fassent des efforts pour connaitre la et leur empereur ont vraiment agi dans ce sens,[8] ils ne seront pas exclus de ce cadre et Dieu décidera de la nature de leur récompense le jour du jugement.

Les témoignages historiques ont confirmés et confirment que l’empereur romain n’a jamais été musulman, il n’était même un homme pieux ;

1- parmi les guerres qui ont eu lieu à l’époque du prophète (ç), on peut citer l’expédition de Moutah sous le commandement de Ja’far Tayyâr qui y a un même laissé sa vie (et cette guerre était contre les Romains).[9]

2- Qu’est-ce qui a poussé le prophète (ç) de l’islam à organiser à la fin de sa vie une expédition militaire sous le commandement d’Oussama ?[10] Tout cela montre que l’empereur romain ne s’est pas islamisé au temps du prophète (ç). Même après le prophète (ç)

Même après la mort du prophète (ç) Tout cela montre que l’empereur romain ne s’est pas islamisé au temps de prophète (ç). Même après le prophète (ç), une autre guerre contre les romains (la batille de Zât sawari) a eu lieu à l’époque des califes entre l’an 31 et l’an 34 hégire.

Amr ibn Aas avait proposé à Mouawiyya dans la dynastie des Omeyyades de signer un traité de paix avec les Romains afin de se concentrer uniquement sur la bataille de Seffine. En plus les documents historiques révèlent que Mouawiyya avait envoyé son fils Yazid combattre les romains, une manière de montrer aux musulmans que son fils convient au poste de calife. Mais il avait essuyé une défaite.[11] Il y a ici un hadith rapporté par les historiens comme ibn Khaldoun qui écrit dans son livre d’histoire que l’empereur Romain Héraclius avait convoqué Abou Soufiyan et lui avait posé quelques questions sur le prophète (ç). Finalement, il s’était islamisé mais ses partisans et les hommes de sa cour avaient désisté. Ibn Khaldoun rapporte en même temps que ce même Héraclius avait combattu les musulmans jusqu’à sa mort en l’an 21 après l’hégire.[12]

Nous nous retrouvons face à deux situations incertaines. Soit nous acceptons le hadith (et nous admettons qu’il a cru au prophète (ç)) soit nous considérons son attitude et ceux qui ont poursuivi ses œuvres (qui étaient les ennemis des musulmans). En admettant qu’il a cru au prophète (ç), à quoi aurait servi cette foi accompagnée de la guerre contre les musulmans.



[1]- Kafi de Koleiny, vol 8, page 269

[2]- Sourate Ma’ida : 82

[3]- Makarim Shirazi, Tafsir Nemouneh, vol 16, page 363

[4]- Sourate Baqarah: 25, 82, 277 et bien d’autres versets

[5]- Behar ul anouar, Allamah Mohammad Baqir Majelisi, vol 20, page 98

[6]- Sourate Baqarah: 62; sourate Ma’ida: 69, sourate Hadid: 27

[7]- sourate A’raaf: 46, sourate Nisaa: 96 et 98; il existe un hadith à ce sujet dans Kafi, vol 2, page 382, 383

[8]- Même comme il n’existe aucun document historique valable pour appuyer cela.

[9]- Al Bidaya wa Nihaya, vol 2, page 241

[10]- Al Kamil, vol 2, page 334

[11]- Ansab ul Ashâf, vol 5, page 289

[12]- Histoire d’ibn Khaldoun, vol 2, page 267-272

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