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L'apostasie est l'expression et la manifestation de la renonciation à la religion et finit en général par inciter les autres à renoncer à la religion. La peine réservée à l'apostat ne s'applique pas à celui qui renonce à la religion mais qui ne l'a pas exprimé et manifesté aux autres. Par conséquent, la peine qui s'applique à un apostat n'a rien à voir avec son opinion personnelle, mais en raison d'un pêché et d'un crime social. L'apostat viole le droit des gens à sauvegarder un esprit religieux au sein de la société. Il menace la religiosité des personnes qui ne sont pas expertes en religion. Après l'arrivée de l'Islam, un certain nombre d'ennemis de la religion musulmane avait sur pied un plan selon lequel, ils projetaient d'épouser apparemment l'Islam et de devenir apostats par la suite afin d'ébranler la foi des musulmans.[i]
Pour faire barrage à ce genre de menaces, l'Islam a prévu une lourde peine pour l'apostasie, même s'il rend difficile les voix permettant de la prouver, à tel point que seul un nombre limité de personnes a été condamné à la peine capitale, aux premières années de l'Islam. C'est la raison pour laquelle, l'effet psychologique de cette peine a réussi, davantage par rapport à la peine, elle-même, à apporter un climat sain pour les populations.
Pour éclaircir cette réponse, il faut faire quelques remarques:
Remarque n°1: Qui est l'apostat? L'apostat est celui qui renonce à l'Islam et qui adhère au blasphème (Kofr).[1] La renonciation à l'Islam se réalise avec la renonciation de l'ensemble des principes fondamentaux de la religion ou de l'un de ces principes (monothéisme, prophétie, le jour du dernier jugement). Par ailleurs, si une personne dénie une des strictes nécessités de la religion (qui sont toutes claires et précises pour tous les musulmans) comme la négation de la prophétie, et si la personne en est consciente, alors il y aura apostasie.[2]
L'apostasie est divisée en deux catégories: l'apostasie naturelle et innée; l'apostasie vive:
Dans le 1er cas, l'apostat est celui dont les parents étaient musulmans au moment de sa conception et celui-ci a épousé l'Islam à sa puberté. Ensuite il renonce à l'Islam.[3]
Dans le second cas, l'apostat est celui dont les parents étaient des infidèles au moment de sa conception. Après sa puberté, il renonce à l'Islam, mais l'épouse plus tard et redevient encore infidèle.[4]
Remarque n°2: La sentence de l'apostat dans les religions monothéistes et dans les écoles islamiques:
Dans la jurisprudence (Figh) chiite, l'apostat est soumis à des règles du droit civil, notamment en ce qui concerne, les successions, et le mariage qui ne concernent pas ici dans le cadre de la question. En ce qui concerne la sentence pénale de l'apostat naturel, s'il s'agit d'un homme, il sera puni de mort et son repentir devant le juge est irrecevable. S'il s'agit d'un apostat vif, il sera invité à se repentir. Dans ce cas, il est pardonné et relâché et dans le cas contraire il sera condamné à mort. En ce qui concerne une femme apostate, quelle que soit sa forme d'apostasie, elle ne sera pas tuée, mais elle sera invitée à demander pardon et à se repentir. Ainsi elle sera relâchée et dans le cas contraire elle restera en prison.[5]
Dans la jurisprudence (Figh) sunnite, selon les sentences majoritaires, et quelle que soit la forme de l'apostasie, et quel que soit le sexe de l'apostat, il est d'abord invité à se repentir et dans ce cas de figure, il sera relâché et dans le cas contraire il sera condamné à mort.[6]
Dans les autres religions monothéistes, l'apostasie est un pêché et un crime. Elle est punie de la peine de mort.[7]
Par conséquent, du point de vue de toutes les religions, on peut dire que l'apostasie est un crime et un pêché. La sentence de l'apostasie (en prenant en compte les différentes conditions) est la peine de mort.[8]
Pour expliquer la philosophie de la sanction réservée à l'apostat il faut tenir compte des remarques suivantes:
1- Les prescriptions islamiques se divisent en deux catégories individuelles et sociales. Les prescriptions sociales visent à protéger les intérêts de la société et parfois, la protection de ces intérêts restreint les libertés individuelles. Il s'agit d'un fait indéniable dans n'importe quelle société.
2- Si l'apostat a déployé tous ses efforts pour connaître Dieu, il sera excusé auprès du Tout Puissant et il n'est pas coupable dans la limite des prescriptions individuelles,[9] mais s'il n'a pas déployé tous ses efforts pour connaître Dieu, il sera également coupable dans la limite des prescriptions individuelles. Lorsque l'apostat propage son apostasie à la société, son comportement et son attitude entrent dans le domaine social et ils prennent un qualificatif au sein des prescriptions sociales. Et de ce point de vue il est coupable. Car tout d'abord, il viole les droits d'autrui, puisque il a semé le doute chez l'opinion publique. Il est clair que la propagation du doute chez l'opinion publique, affaiblit la foi au sein de la société et étant donné que l'examen des doutes appartient aux experts de la religion, la population qui pour la plupart n'est pas compétente en la matière s'estime en droit d'avoir un climat sain dans la société. Ensuite, outre le fait que le maintien de la foi dans la société est un droit pour la population, l'Islam la considère comme un intérêt public. C'est la raison pour laquelle, il encourage la soumission aux rites et aux coutumes religieux [10]et il défend de les transgresser.[11] Par conséquent l'apostasie n'est peut-être pas un délit sur le plan individuel, mais il l'est du point de vue social.
3- Compte tenu du fait que l'apostasie est un délit, on peut expliquer la philosophie de son châtiment:
a) Mériter le châtiment: le châtiment de l'apostat est une peine qui lui est infligé pour avoir porté atteinte à l'ordre public. Plus cette atteinte morale et religieuse qui viole les droits publics est conséquente, plus le châtiment sera dur. Il est clair qu'une société dont l'esprit religieux commence à s'affaiblir, elle s'éloigne du vrai bonheur, même si technologiquement parlant, elle reste très avancée. C'est pourquoi, outre l'apostasie, tout autre acte qui affaiblit les croyances et la foi dans la société, comporte un châtiment et une sanction lourds. A titre d'exemple, on peut citer, le blasphème du noble prophète de l'Islam (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants) et les Imams immaculés (béni soient-ils). Car si le caractère sacré de ces choses est ignoré dans la société, s'ouvre alors le chemin de la falsification de la religion et sa perte.
b) Empêcher la poursuite de la propagation de l'apostasie par le coupable: Tant que l'apostat n'a pas déclaré publiquement son apostasie, il ne commet pas un délit public. Le lourd châtiment réservé par l'Islam à l'apostat, barre la route à la propagation de l'apostasie.
c) Montrer l'importance de la religion dans la société: Chaque ordre juridique et pénal impose des lois pour montrer quelles sont les faits et les comportements qui sont importants à ses yeux. Le châtiment lourd prévu pour l'apostasie montre l'importance accordée à la sauvegarde de la foi dans la société.
d) Encourager à penser davantage à la religion avant de l'accepter: la punition réservée à l'apostat, encourage un non musulman à accepter l'Islam avec beaucoup plus d'attention et de précision. Cela empêche l'affaiblissement de la foi.
e) Réduire le châtiment de l'outre-tombe: du point de vue de la religion, le châtiment d'ici bas, réduira la réduction de la peine et du châtiment dabs l'au-delà. Dieu tout puissant est clément et il ne punira pas deux fois une personne pour le même péché. Les récits affirment le fait qu'au début de l'apparition de l'Islam, l'on croyait que le châtiment infligé ici bas, effacerait le châtiment dans l'au-delà et cela encourageait les coupables à avouer leur faute avant l'application de la peine fixée par la loi coranique. Il faut cependant remarquer que même si le châtiment infligé ici bas réduira celui infligé dans l'au-delà, cependant le Tout Puissant propose une autre solution pour l'au-delà. Il s'agit du pur pardon offert au coupable. Dans ce cas son péché sera pardonné sans qu'il y ait besoin de sanction religieuse ici bas.
4) Prendre des précautions pour légiférer: il se pourrait que les cas énumérés en tant que philosophie du châtiment réservé à l'apostat et ce qui est dit dans le noble Coran au sujet des complots contre les religions monothéistes[12] ne soient pas conformes à un exemple d'apostasie. C'est-à-dire que l'apostat n'a absolument pas eu l'intention de comploter contre la foi régnant au sein de la société et que cela n'a pas eu d'effet négatif, cependant, l'Islam n'a pas prévu une réduction de peine. Pourquoi? Parce que pour chaque législateur le domaine de l'application de la sanction est plus large par rapport à la philosophie de la sanction elle-même. Il s'agit "des précautions dans la législation". A ce propos, il y a plusieurs remarques à apporter dont nous en citons ici les deux plus importantes:
a) Parfois les conditions qui déterminent précisément un sujet, n'ont pas un aspect permettant à l'être humain de les distinguer. Par exemple, la philosophie liée à l'interdiction de garer une automobile en plein milieu d'une rue, c'est d'y contrôler la circulation, même si les jours fériés, il y a très peu de circulation dans cette rue. Mais la police interdit un tel acte de manière absolue et constante, car elle ne peut pas laisser aux automobilistes le soin de distinguer une circulation fluide ou une circulation dense.
b) Parfois, l'importance d'une sanction est telle que le législateur élargit son domaine d'application pour s'assurer que la population respecte la loi. Comme par exemple, la limite du territoire militaire, ou une installation militaire qui ne doit pas être au vu et au su de tout le monde. Cette limite est fixée à 5 Km. Mais l'armée est en droit d'élargir l'interdiction de pénétrer sur les domaines militaires à encore plus compte tenu de l'importance qu'elle donne à ses installations afin de les protéger.
Dans la législation islamique aussi, ces deux remarques font que Dieu élargit le domaine d'application des peines par rapport à leur philosophie pour que cette philosophie soit protégée et sauvegardée.
Pour plus d'informations sur la philosophie du droit pénal islamique, voir la philosophie du droit; Ghodratollah Khosroshahi / Mostafa Daneshpajouh, p. 201-202; La justice divine; Martyr Motahari; L'interprétation du verset : il n'y a point de contrainte dans la religion, al-Mizan, Tome II, p. 278; L'interprétation modèle, Tome II, p. 360.
[1] Imam Khomeiny, Tahrir ol-Vasileh, Tome II, p. 366; Ibn Ghodameh, al-Moghna, Tome X, p. 74.
[2] Le même, Tome I, p.118.
[3] Le même, Tome II, p.336; certains dans l'Islam estiment qu'un des parents suffit ( Khoï, les principes de Takalomat al-Monhaj, Tome II, p.451) et d'autres estiment que l'acceptation de l'Islam après la puberté n'est pas une condition (Shaid Thani, Massalek al-Afham, Tome II, p.451).
[4] Imam Khomeiny, Tahrir ol-Vasileh, Tome II, p. 336.
[5] Le même, Tomme II, p.494.
[6] Abdel Rahma Haziri, al-Figh ela al-Mazaheb al-Arbaa, Tome Vm p.424; A l'instar des chiites, Abou Hanifah distingue entre les hommes et les femmes. (Aboubakr al-Kassani, Badayeh al-Sanayeh, Tome VII, p.135) et Hassan Basri n'accepte pas l'invitation au repentir (Ibn Ghadameh, al-Moghna, Tome X, p.76).
[7] Cf, l'ancien testament, chapitre 13; Livre saint, traduction en persan, Londres 1856, p.357-8; Le Livre saint, Beyrouth, p.379-80, le nouveau testament, traduction et interprétation du Livre saint, Téhéran, 1979, p.305-6.
[8] Certains pensent que la peine de mort pour l'apostasie n'est pas une peine prévue par la loi coranique, mais comme une peine non déterminée par le Coran et laissée à la libre appréciation du juge religieux. Ils estiment que tout cela est laissé à l'appréciation du juge religieux et il n'y a pas une forme particulière en Islam et que par conséquent, on ne peut pas dire que le châtiment de l'apostasie est la mort en Islam; cf Hossein Ali Montazeri; Derasat fi velayat al-Faghih va fegh al-Dowlat al-Eslamiyah, Tome III, p. 387; cf Issa Velaï; l'apostasie en Islam, p.129-148.
[9] "Dieu ne propose un devoir à une personne que selon les capacités" Sourate La Vache verset 286.
[10] Le Pèlerinage, 32.
[11] La nourriture céleste, 2.
[12] La Famille Amran, 72.